« L’Art de lier les êtres » de Paolo Milone
Ayant fui par peur tous les autres métiers, je me retrouve à faire le métier dont tout le monde a peur», écrit avec une certaine ironie le psychiatre italien Paolo Milone en ouverture de son ovni littéraire sur l’univers asilaire et la folie. Le lecteur va découvrir dans ces pages le «vaste monde» de la maladie mentale — «un système solaire à part entière, où s’appliquent les mêmes lois qu’en physique mais avec des masses, des vitesses, des orbites, des gravitations, des atmosphères différentes». Bien plus que des propos scientifiques, «des cris et des pleurs muets» derrière les murs de l’hôpital psychiatrique, où se terrent des aliénés rongés par une douleur opaque. Milone raconte «un énorme jeu de l’oie» avec des patients que le praticien tente d’«empêcher de tomber» quand ils «bascule[nt]», en tissant des liens avec eux par la parole et pour les relier à eux-mêmes.